Frousse sur la Denali Highway

Nos lectures préparatoires nous avaient convaincus de rouler sur la Denali Hwy, route de gravelle de 216 km mettant en scène des paysages sauvages, des montagnes aux sommets enneigés, des rivières et des vallées de toundra où les caribous gambadent.

Malgré la pluie et le brouillard, nous sommes séduits par toute cette beauté étalée sous nos yeux et mettons deux jours à la parcourir tant nous arrêtons souvent. Ici, il est possible de randonner où bon nous semble, d’établir son campement là où le paysage nous interpelle et de jaser avec les chasseurs de caribous et le personnel des lodges.

La plupart des chasseurs s’installent pour une ou deux semaines dans l’espoir de tuer leur bête. Ils n’hésitent pas à monter l’abri Tempo qui abrite leur tente, question de rester au sec. Parce que oui, il pleut plus souvent qu’autrement et que le mercure oscille autour du point de congélation. Plusieurs ont leur pick-up chargé d’une boîte campeur, la génératrice et le véhicule tout-terrain. Et, à tout vous dire, quand on habite The Last Frontier c’est pas bête de s’équiper pour profiter à plein des activités de plein air.

Sachez qu’ils n’amadouent pas le caribou avec des pommes. Non, non, non. Il s’agit de s’armer de patience et de tenter d’en repérer du bord de la route ou d’endroits stratégiques pour ensuite s’enfoncer dans la toundra dans l’espoir de retrouver leurs traces. C’est une question de patience et de chance.

Nous arrêtons au Alpine Creek Lodge car une pancarte nous invite à y prendre un café. Mais c’est surtout l’envie de discutailler avec les gens de la place qui nous interpelle. L’accueil est vraiment sympathique. Nous parlons avec Sharon et Ross, un couple du Maryland, qui travaillent chaque été dans le lodge en échange de la pension. C’est de la passion ça! Nous parlons aussi avec Bob, un jeune trappeur qui vend des peaux d’hermine, lynx, écureuil, etc., ce qui lui permet de subvenir à ses besoins.

Il faut que je vous raconte la mésaventure d’Agathe. Elle s’est fait réveiller par un ours. Ouais! Rien de moins. Comme on n’a pas d’abri tempo pour y installer sa tente, on l’a installée dans notre abri-cuisinette car il pleuvait pas mal. Une garantie de chaleur relative. Voilà donc qu’au beau milieu de la nuit, elle est sortie de ses rêves en recevant un coup sur la tête. Elle respire un bon coup tente de rester calme lorsqu’elle est frappée à la hanche. Convaincue qu’un ours l’attaque, elle allume sa lampe de poche et arme sa bonbonne de poivre préparant sa défense. Mais voilà qu’elle voit avec grand soulagement les arceaux de la tente cuisinette ployer sous l’effet du vent et les pochettes de la tente, remplies de ses effets personnels, valser dans tous les sens. Soulagée mais fébrile, elle réussie tout de même à se rendormir. Ce que l’on a ri le lendemain matin lorsqu’elle nous a raconté sa frousse.

En passant, on n’a pas vu l’ombre d’un ours ou d’un caribou sur cette route. C’est la seule promesse non tenue de la Denali Highway qui offre un voyage hors du temps au coeur d’une nature saisisante de beauté.