Un troc inattendu

Voilà qu’on aperçoit un singe grignotant des feuilles dans l’arbre devant notre campement, puis les branches de l’arbre voisin plient sous le poids d’une maman singe suivi de près par son petit. Fascinés nous les suivons le long de la rivière Lacantún à Las Guacamayas (les aras) où nous les contemplons avec plaisir

Puis, intrigués par le manège de deux mexicaines dont l’une plante des bouteilles de vin dans le nid peu profond de la rivière, nous oublions les singes et établissons un poste d’observation en s’assoyant sur un tronc d’arbre tombé au sol.

Nous observons le va et vient de la femme qui immerge des bouteilles de vin vides tête première dans le sable de la rivière à une certaine distance l’une de l’autre. Après, elle abandonne les bouteilles et en profite pour jeter un œil sur une enfant qui joue dans la boue tout en placotant avec sa compagne. Justement, celle-ci, assise sur la rive, le cou entouré des bras d’une petite fille, manipule on ne sait trop quoi dans un plat entre ses jambes

Puis, la plongeuse de bouteilles va les chercher une à une et vide leur contenu dans le plat de de la femme assise et le manège recommence.

Curieux, nous décidons d’aller leur demander ce qu’elles font. Elles nous expliquent alors leur méthode pour pêcher les sardines. D’abord, il faut mettre un peu d’eau savonneuse dans la bouteille dont le haut est fermé par un bouchon de liège puis mettre une pâte faite d’eau et de farine de maïs pour boucher le fond de la bouteille qui a été percée. Les sardines qui raffolent de ce mélange bouffent l’appât et se retrouvent coincées à l’intérieur

C’est la pêche modeste qui était versée dans le récipient entre les jambes de Juana qui vide les entrailles de chaque sardine en pressant le minuscule poisson de ses doigts. Même Valentina, la grande de 4 ans peut le faire. J’ai moins de succès qu’elle. Un vrai travail de moine pour vendre leur récolte à une dame du village

Juana nous en a gentiment offert. On l’a voit qui glisse des sardines dans un sac pour nous. Nous voulions les lui payer mais elle a refusé net disant que ça venait du « corazon » ♥️. Générosité mexicaine. 😁. T’as pas grand chose mais tu partages

Les maris de ces deux belles-sœurs travailleront illégalement aux États-Unis pour les prochains cinq ans puisque le salaire journalier dans cette région du Mexique n’est que de 200 pesos/jour soit environ 15$. Au retour de leur papa respectif les  petites auront 7 et 9 ans. C’est cher payer en affection et en présence pour améliorer sa qualité de vie.

Encore une fois, nous avons utilisé l’or ambré du Québec pour remercier ces deux braves personnes pour la gentillesse qu’elles nous ont témoignée et leur bonne humeur communicative. C’était de toute beauté de m’entendre leur expliquer dans mon espagnol rudimentaire comment on récolte l’eau d’érable de l’arbre dont la feuille est sur l’unifolié canadien pour en faire du « jarabe de arce».

Et dire que nous étions à Las Guacamayas pour en apprendre sur les aras rouges que nous avons vus en cage. 

La route réserve toujours des surprises aux voyageurs.

Le cadeau de Juana.

Le repas dégustation. Frites, elles croquent sous la dent. Avec un peu de sel et de lime c’est extra.

2 réponses sur « Un troc inattendu »

  1. Tu racontes bien, chère Anne, et ton récit témoigne de votre talent à créer des liens avec des gens que vous croisez… une bien belle façon de voyager!

    Merci pour le partage!

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